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Introduction : voir l’horizon et au-delà

En cette belle journée ensoleillée, je me promène dans une forêt. Je découvre un endroit tranquille où coule un ruisseau. Je me laisse bercer par le chant des oiseaux, le doux ruissellement de l’eau, le vent léger qui traverse mes vêtements et glisse sur ma peau. Cet harmonieux concert des éléments calme ma marche, et, je m’assieds quelques minutes. Je respire profondément, me repose puis le tintinnabulement de ces sons semble me souffler des paroles sifflées, entremêlées du vent, du chant des oiseaux, des clochettes de printemps, de l’inspire et de l’expire, et, de mes pensées. Un dialogue s’installe entre les éléments et ma pensée. Une parole fleuve m’envahit. Je ne suis plus moi-même, mais quelqu’un d’autre, un personnage venu d’un autre temps et d’un autre lieu. J’observe l’image de son monde dans lequel il évolue.

Alors qu’il se balade dans une vallée, à l’orée d’une grotte, il est bouleversé par ce qu’il ressent, vit dans cet instant. Il entend, intérieurement, une sorte d’appel, sous la forme de signaux sonores incompréhensibles. Ces derniers le poussent vers quelque chose de différent qu’il commence à distinguer. Cette distinction émergente, née d’un imbroglio de signaux audibles et visuels, proches du délire, l’oblige à détourner son regard de l’immédiat. Il y voit une forme qu’il a du mal à définir. Celle-ci s’imposant à lui comme une nécessité. D’une main tremblante, balbutiante, il trace quelques signes sur la paroi de la grotte. Ces choses qui apparaissent lui indiquent un nouveau chemin. Pris d’effroi, il se retourne vers la lumière de l’immédiat et perçoit un changement profond qui s’opère en lui. Il distingue de l’immédiat le trait visible de l’horizon. Cet horizon qui est unique alors que les traits qu’il vient de faire apparaître sont multiples. Il saisit physiquement qu’il y a encore quelque chose d’autre par delà la chose de l’horizon et les choses qu’il vient d’inscrire. Son corps entier est ébranlé par ce qu’il est en train d’éprouver et de découvrir. Pour la première fois, il n’est plus en compagnie de l’immédiat. Il prend du recul en observant ses gestes, ses traces, son regard. Un son exprimant l’inattendu sort de sa bouche et résonne mystérieusement dans la grotte. De cette expérience émerge un sens, celui d’une relation possible entre toutes ces choses qu’il ne comprend pas encore. Pour le moment, il les vit. Désormais il y a la chose de l’horizon, les choses qu’il vient de signer, le son qui s’est échappé. Il est dévoré, happé par tout cela. Un nouveau rôle se confie à lui : il doit trouver ce qui unit toutes ces choses entre elles. Une relation d’équivalence doit être présente même s’il ne la nomme pas encore.