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Notions, états & changement

État

entité abstraite constituée d’éléments variables ou non susceptible d’être modifiée afin d’acquérir, de perdre ou de réarranger certaines propriétés de cette même entité.

Notion

forme basique, élémentaire de l’état qui n’est plus un « embryon de connaissance » dont les propriétés peuvent être multiples et différentes.

Un état ne peut naître que si une notion, dans son organisation attestée par ce qui la définit, permet à une entité abstraite plus complexe de produire un ensemble de formes élémentaires agglutinées de telle sorte qu’elle fabrique par le biais de celui-ci des propriétés pour un système qui organise ses propres forme et espace. L’état appelle à une représentation qui sera l’image de la notion. Celle-ci sera la forme imagée de celle-là en ce qu’elle contient les opérations appropriées destinées à une série de modifications.

La notion préfigure l’état. Lorsque plusieurs notions s’accumulent et forment un état possible alors l’état indique qu’il peut changer selon les propriétés qui le configurent : il se « soumet » aux formes « propriétaires » de ces changements inclues dans chaque notion selon le système qui le définit. Ainsi il ne peut pas se séparer des propriétés propres aux notions accolées ensembles. Elles donnent naissance à de nouvelles propriétés, mais elles ne sont jamais opposées aux formes mêmes induites par les notions. Toutefois un état donné peut, par la production de formes nouvelles, se séparer de son ensemble qui le maintenait dans une cohérence spécifique. Si ces nouvelles formes se perpétuent de telle sorte qu’elles peuvent continuer à fabriquer de nouveaux changements d’états alors ce dernier est maintenu comme un système, dans le cas contraire il ne peut plus maintenir sa cohérence propre et se dissout, à nouveau, en notions.

L’état, par la cohérence qu’il conserve en même temps qu’il se modifie, spécifie un « territoire » qui ne dispose pas d’un lieu ni de frontières précises : il est simplement un espace sans dimensions. Il est perçu comme tel alors que la notion ne se distingue pas d’une autre notion. Elle est entr’aperçue comme notion lorsqu’elle devient une propriété spécifique d’un état. Chaque notion est séparée de l’entité état en ce que ses propriétés ne peuvent pas se modifier pour obtenir une nouvelle notion, mais se modifient par collages avec d’autres notions.

Lorsqu’un ensemble de notions se mêlent entre elles, elles « cherchent » un espace dans lequel elles peuvent s’exprimer. Avant l’état, rien ne pré-existe si ce n’est une possibilité de combinaisons non exprimée. Avec l’état, sorte de mélange incongru de plusieurs notions, quelque chose de différent se mobilise pour arriver à la clarté d’un espace sans « dimensions », mais il peut se définir comme une forme ayant des propriétés spécifiques qui n’existaient pas « auparavant » quand bien même cette notion « temporelle » n’a pas plus de sens que celle de « dimension » mentionnée plus haut. Autrement dit, et là encore une autre absurdité, les notions qui se mêlent entre elles se « servent » de leurs états propres pour modifier ceux-là et générer une différentiation laquelle exprimera une autre chose qui ne peut plus être ce qu’elles étaient : un système.

L’état est l’objet qui fabrique une différence de telle sorte que ses nouvelles propriétés puissent exprimer autre chose qu’une simple collection de notions mises les unes à la suite des autres. Il faut, en conséquence, que les notions qui s’assemblent puissent développer des réarrangements fonctionnels les unes par rapport aux autres. En ce sens le changement est peut-être, sûrement, la seule propriété constante propre à la notion qui puisse supporter ce type de fonctionnalité. L’état, dans sa forme « actuelle », découvre que les notions s’appuient sur ce trouble continuel pour modifier ce qui n’est ni lieu ni territoire en un espace qui les englobe. Autrement dit, l’espace sépare, par sa différence, le constant du changement.

Par ce cheminement-là, il rend possible la « loi1 » et induit pour chaque notion une « responsabilité » spécifique, une propriété, susceptible de transférer une différence entre ce qui change et ce qui est constant. Si un observateur intervenait, il ou elle affirmerait que cet ensemble cohérent est un système. Ce transfert de propriété entre notion et état forme une limite propre à cet espace d’échange qui ne peut faire autre chose. Cette limitation constitue une frontière qui ne peut pas être dépassée ; dans le cas contraire, l’état ne pourrait plus maintenir cette cohérence-là et deviendrait encore autre chose.

La différence d’état est un état qui fédère «avant toute chose» plusieurs notions lesquelles ont généré une série de modifications, par des assemblages plus ou moins incongrus, mais qui maintiennent une cohérence entre elles, indiquant un changement. Celui-ci est la « reconnaissance » que quelque chose s’est produit. La « reconnaissance » peut induire une confusion entre « notions » et « état ». En effet le changement attesté peut apparaître comme une nécessité impérieuse entre « notions » et « état » indiquant une évolution, une histoire alors que cet « état » n’est que le résultat de combinaisons réussies de manières aléatoires, mais limitées par les propriétés mêmes des notions.

Comme indiqué plus haut, ce nouvel état est donc dépendant des notions, mais il n’atteste pas qu’il y ait une évolution vers quelque chose. Un changement d’état n’est pas une histoire. De la même manière pour l’observateur, ce changement pourrait indiquer une possible historicisation entre l’état « actuel » et l’état « antérieur » du fait du changement attesté et reconnu or cette historicisation n’a pas plus de sens que l’idée d’évolution. Il est vrai qu’en reconnaissant le changement d’état, par le territoire sans dimensions qu’il désigne, c’est reconnaître les notions qui le constituent comme éléments déclencheurs. Dès lors les notions peuvent apparaître comme des éléments antérieurs au changement.

Le changement est le propre des notions non pas de l’état modifié lequel atteste de la constance du mouvement des notions par leurs assemblages. L’état modifié est le territoire apparu qui préfigure une forme cohérente et constante. Les notions ont pour fonction de corréler plusieurs de leurs propriétés entre elles afin de produire une modification d’un état donné en un autre à l’intérieur d’un territoire qui dessine l’ensemble des modifications susceptibles de se produire. Les frontières ou limites de ce territoire abstrait dépendent des propriétés que l’ensemble des notions portaient avec elles afin de soutenir d’une manière cohérente une modification qui peut se maintenir autant que nécessaire.


  1. J’utilise le terme « loi » en un sens générique incluant les deux idées suivantes : 1) un énoncé décrivant une théorie abstraite comme un théorème mathématique. 2) un énoncé décrivant un principe qui s’applique au réel comme la loi de Newton. Dans mon idéal, j’aimerais accomplir le geste et le saut conceptuel des grands érudits : utiliser un théorème pour l’appliquer au réel, et, ainsi, en faire une seule et même chose. Mais je ne suis pas certain d’y arriver alors j’emploie ce terme comme forme générique.↩︎