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L’égale distance de l’horizon

dé-fixer la distance de l’égal

Face à un monde en changement perpétuel, la mise en place d’un invariant permet d’annuler ces modifications, de les rendre maîtrisables, compréhensibles et connaissables. Autrement dit, l’état changeant d’un élément sera toujours compensé par un rapport avec un autre lui permettant d’annuler la valeur de ce changement. Et cela quelles que soient les grandeurs auxquelles ces changements font références. La relation de grandeur pour chaque variant se trouve à égale distance de l’espace dans lequel il se trouve. Ce qui lui permet d’exister comme élément intrinsèque à un espace donné et comme élément qui se distingue par rapport à ce même espace. Cet élément n’étant qu’un espace subdivisé de l’espace primitif créant ainsi une succession d’espaces. Cette succession indique que ce qui a été subdivisé, c’est l’espace lui-même puisque la relation entre chaque élément génère ce même espace1.

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Tout rapport entre deux choses présente une chose non encore définie ou perçue comme espace, comme donnée première d’une relation entre ces mêmes choses. Le moyen par lequel celles-ci se définissent comme un espace se déduit dans le rapport existant entre les choses qui sont. Elles se résument en éléments de perception, puis en embryons de connaissances, et, poursuivent leurs routes comme éléments de compréhensions. Lorsque l’espace, né de ce rapport, indique la distance qui les relie par le biais de la stabilité et de la surface alors le mouvement, lequel peut-être interprété comme une temporalité, s’incruste comme une nouvelle donnée à ce même volume relationnel. Il était déjà présent, mais invisible en tant que tel. Il introduit la ruine de la relation.

Le mouvement nommé est cette tension qui provoque le processus de compréhension et conduit l’élément de perception vers la constitution embryonnaire des objets, des choses, des mots ; d’abord dans un rapport spatial puis temporel et, enfin, spatio-temporel. Or un volume n’existe que comme espace si on peut déduire de sa présence l’entité qu’il représente au travers de laquelle se constituent un ensemble de choses diverses déjà présentes en lui, mais non déterminées exactement, lesquelles se mêleront à d’autres choses afin de former quelque chose qui se stabilise tout en reconnaissant que ce dernier n’est pas l’ensemble des choses. Et, pendant longtemps, ce volume a été perçu comme un « temps-espace », une temporalité modifiant la forme de l’espace.

La stabilité impose un rapport de distance au sein d’un mouvement de telle sorte que le sens aura parcouru toute l’étendue du volume formant un horizon, une frontière qui se transforme en un appel vers l’événement de la compréhension. En tant que partie de l’horizon, elle ressort du domaine de l’entité biologique, mais en tant qu’horizon elle s’extrait de ce dernier afin de parcourir, dans un rapport d’équivalence, la surface de compréhension propre à un être vivant.

Il en va de même pour la relation. Elle est d’abord un volume avant que celui-ci ne soit scindé en espace et en temps. C’est à partir de cette distinction que l’élément de compréhension achemine, avec lui, les choses distinguées que sont l’espace et le temps contenues dans un volume, une chose indistincte.

Le volume affirme l’organisation d’un ensemble de relations qui peuvent prendre la forme de systèmes complexes interagissant entre eux laissant entrevoir une surface de compréhension par un contact singulier, quasi asymptotique, entre lui-même et des entités biologiques ou non susceptibles de percevoir ce contact et de le ressentir comme une singularité propice à la compréhension. D’où l’intention de redéployer cette perception sensible vers des fabrications extérieures à cette expérience du contact. Mais la diminution ou l’augmentation d’un volume donné par le biais de ces fabrications est le résultat inattendu de l’action temporelle au sein de l’espace en tant qu’élément de compréhension du contact comme mouvement dénotant une figure double : celle du changement et de la stabilité. Le volume reste fondamentalement le même quelle que soit sa grandeur, seuls se modifient les mouvements en relations diverses. La singularité de ce contact entre mouvement et relation reste fondamentalement identique à elle-même.

En conséquence, seul l’être vivant provoque une tension contraire entre ces divers éléments en y ajoutant une intention : «la compréhension». Il impose comme réelle une signification en propre de ces éléments selon la surface de compréhension qu’il s’est choisi comme communauté entre lui et ses éléments.

Ou pour le dire comme Parménide, vu depuis le 21e siècle : c’est bien ce à quoi sert le nom, il signale cela que les choses sont telles qu’elles sont. Ce que une chose est, son nom ne l’est pas sans pour autant ne pas être complètement puisqu’il affirme que l’être est. Mais alors comment une chose qui n’est pas peut-elle dire d’une chose qu’elle est ? Elle la signe par l’entremise de l’être qui lui donne ce nom2,et, il peut inventer la logique.


  1. voir les théorèmes de l’arithmétique primaire de Georges Spencer-Brown in Laws of form.↩︎

  2. Je m’appuie sur la traduction de Barbara Cassin, Parménide, sur la nature ou sur l’étant, Points essais, 1998.↩︎