Je crois souvent que j'ai trouvé quelque chose en effectuant une recherche. En réalité, cette trouvaille était déjà là et je ne voulais pas la voir. Je tournais autour. De cette belle bêtise, j'en ai fait des documents, des savoirs, des éruditions, des croyances. J’apportais une recherche, mais je ne découvrais pas ce qui était déjà là. Je l'ignorais par l'évidence de sa monotone présence m'empêchant de l'observer. Forme inconnue sans point de vue. J'en rejetais sa présence, non pas la trace de mes circonvolutions apprises au détour de mes pas. Alors j'ai choisi d’utiliser un artifice lumineux afin de la revoir une nouvelle fois, croyant avoir déniché un savoir proche de la sagesse : j'allume une lampe afin d'y voir plus clair.

Le truc du savoir et de la vision consiste à transmuter la monotonie invisible du présent en quelque chose d'autre, une variation. Il se passe quelque chose, un échange : un passage s'ouvre entre les deux protagonistes, "ce qui est là", et "voir". Je peux affirmer que de cette expérience vécue une connexion vers la connaissance s'établit par l'ajout d'un invariant au mouvement ou d'un invariable au verbe : "déjà". Et c'est ce dernier qui porte avec lui la lumière. Je sais que ce portage est nimbé par sa propre contradiction : toute lumière emmène avec elle son ombre, sa part de ténèbres.

Si je regardais ce mouvement avec sérieux, je m'amuserais d'une telle flagornerie. Mais non. Ce n'est pas forcément ce qu'il se passe : le réel appelle son contraire. C'est dans une réalité que la lumière surgit comme quelque chose d'inattendu, d'inopportun, mais pas dans l'autre, son obscurité. Par amour des sages variations, je détache le cercle de mes pas. Je transforme ce dernier en abstraction puis en invariant tandis que mes pas deviennent un mouvement variable.

J'ai déniché une idée pour voir perpétuellement mon aveuglement en créant une machine tout à fait particulière. Celle-ci envoie des points de lumière, un peu à l'instar d'un canon qui envoie des projectiles. Je modifie l'interface de cette machinerie de sorte qu'elle n'envoie plus des points de lumières séparés, mais qu'elle les assemble pour former un arc lumineux persistant, continu. Au lieu de points discontinus, ils formeront, une fois assemblés, une sorte de fluide lumière. C'est parfait pour chercher ce que je ne vois pas. Et, pourquoi pas, utiliser ce même procédé encore d'une manière différente afin de fabriquer une sphère d’une fluidité lumineuse ; ce serait amusant, non ? C'est là où je me dis que la lumière est une victoire sur les ténèbres.

Une mise à l’écart se propage entre ces deux sages mots, ces deux réalités qui ne peuvent plus se soutenir elles-mêmes que ce soit comme modèle ou comme monde. Tout le monde veut voir quelque chose et être lumineux, éveillé à son cercle, à son tour, plus rarement à ses changements. Cette modification est trop subtile pour n'être autre chose qu'un truc, un piège où se love le rire du réel : le rêve. Et me voilà dans les ténèbres de la nuit.

Ce qui se passe, le modificateur, d'un modèle à l'autre n'est pas plus présent que le passage lui-même. Lumière & obscurité, mouvements & invariants s'écrasent contre leurs présences en superposant leurs vues, leurs visions, leurs états. Et c'est encore autre chose qui transpire qui était là sans être vu. Où se situe donc le modificateur ? À quel changement d'état possède-t-il une forme plus tangible qu'une autre ? Si je le savais, je n'aurais pas besoin d'en parler, et le réel n'aurait pas besoin d'en rire. C’est ainsi que je me suis mis à cher, chercher, rechercher.

ch + er | re