Je rejoins un édifice où d'innombrables lumières s'affairent vers ce qui pourrait être la plus simple des écritures : là où s'assemble l'origine sensuelle de chaque ligne-signe lumineux. Elles traversent d'immenses pièces circulaires aux reflets dorés par le temps. Il n'y a rien qui transparaît du dehors. De cercles en cercles, quelques interstices de lumières se croisent. Nul ne sait comment déchiffrer le vide de ces pièces ni les inscriptions qui traversent leurs temporalités.

Au moment de quitter cet édifice, une voix, stratifiée par l'ensemble des lignes-signes, émergeait, venue de nulle part et de partout à la fois. Elle affirme que tout cela n'est que vibrations et sons. Elle énonce l'accumulation des lignes-signes qui sonorisent tout l'édifice. Les murs s'ouvrent. Des motifs, ressemblant comme deux gouttes d'eau à des alphabets, s'agitent autour de moi. Leurs mouvements approchent l'audible. Plusieurs fois un sens semble se dégager. Ces soniques amas se fixent petit à petit pour former quelque chose. Puis cette construction s'étiole, s'effrite jusqu'à l'arrêt de ce qui l'assemble. Ils reprennent leurs mouvements pré-alphabétique. Leurs étranges voix, encore, prononcent des articulations sonores qui s'apparentent aux sens des mots, mais n'en sont pas. Tout cela n'est que l'illusion de l'identification.

Je ne savais pas ce que cet amocellement, somme de tout les lignes-signes précurseurs d'un hypothétique alphabet, avait pu prononcer comme mot. Je cherchais des motifs, des schémas plus ou moins répétitifs avec lesquels je pouvais m'identifier et trouver une ou plusieurs séries de lettres signifiant la cohérence des lignes-signes. Puis tout redevint normal, vide, sans aucun bruit. Dans la singularité de cet édifice circulaire, quelque chose est passé : l'émergence d'un motif dont l'émerveillement associatif s'accrochait à la reproduction. Une sorte de langage réel et halluciné questionnant sa propre référence à l'histoire. Le fruit d'une hallucination collective venant autant des lignes-signes, des mots associés que de l'être qui découvre ces motifs exprimés. J'inventais un mécanisme là où rien ne laisse transparaître un tel outillage de quelque nature que ce soit.