Interstices de l'infini

(suite des voleurs de profondeur)

Les interstices
Interstices

Newton et Leibniz virent l'ensenmble des infinis tout autour d’eux ; ils scintillaient comme des aurores nouvelles cherchant un sens dans ces limites interstitielles comme autrefois ils avaient contemplé la frontière qui partageait la réalité de la fiction.

D’une construction apparaît une matière, d’une matière une fin, de cette fin des interstices infinis. Enjoués et heureux ils jonglaient avec les chiffres en d’infinies boucles qui se répétaient aussi adroitement qu’un paysage prenant forme.

Ils triomphaient de tout cela. Ils ne pouvaient y avoir de finitude au risque de perdre le fil de l’histoire. Tout ce monde fini se rétractait au bout des rectangles en un infini. Il était devenu l’équivalent, l’égal des nombres et recevait le don du nom lequel ruisselait d'ombres effilochées, accrochées aux fils des ensembles.

Tout était si bien agencé que la moindre perturbation provoquait la plus grande des déflagrations. Ces jeunes formes qui venaient d’on ne sait où mais d’un coin qu’il fallait bien observer afin de rétablir l'entrevue paisible des interstices. De ce bout du monde qui transparaissait au-delà des limites n'existait plus que l’envie de découvrir un nouvel état du nombre.

Ils fondirent dans une même lumière toutes ces fractions de paysages dont ils ne distinguaient plus les valeurs numériques. Ils perçurent, tout autour d’eux, une myriade d’infinis. Elle scintillait comme une aurore nouvelle cherchant un sens dans ce monde illimité.

2008-2019