Controverses

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Forces et tensions, le rapport 20-22

Je continue la mise en évidence de quelques points saillants en ce qui concerne mon implication au sein de l’association APCD. Comme si cela avait une quelconque importance ! C’est, justement, ce que je souhaite faire ressortir ici : le côté absurde qui peut en résulter et déclencher des comportements dans le réel pour le moins étonnants.

Qu’il y ait des controverses, des disputes entre êtres humains, c’est à peu près le lot quotidien de tout le monde, et, il n’y a rien de vraiment intéressant à en dire. Mais quand ces controverses finissent par impliquer quelque chose de réel avec des institutions officielles et au sein même d’une association, il y a des choses à exprimer.

Le lien en question

La première grande controverse qui m’aura directement touché aura été celle de la censure totale du site web de l’APCD. Quand je dis totale : l’accès public ainsi que l’accès au serveur afin de mettre en ligne les textes destinés pour la partie publique.

Comment cela est-ce possible ? En 2008, l’accès à Internet était très différent de celui d’aujourd’hui. Il existait pour les associations une aide à cet accès fourni par le Conseil Général, plus connue sous le titre de «plan 1000 micros» si ma mémoire est bonne. Bref, le site web de l’association APCD était hébergé sur un des serveurs du Conseil Général de la Dordogne. Dès lors, il est facile de comprendre qu’une fermeture complète d’un site web pour cette institution est des plus pratiques.

Je ne m’étais même pas imaginé que cela pouvait être possible ! Surtout pour une toute petite association dont l’implication au sein de la Dordogne et de la ville de Périgueux devait être aussi importante que le vol d’une mouche dans la salle d’accueil du Conseil Général. Qu’on agace deux ou trois personnes officielles, c’était déjà beaucoup. Cela dit. Qu’il y eut une émulation entre personnes en situation de pauvreté et de précarité, c’était quelque chose de beaucoup plus tangible. C’était plus cela qui était visé que l’agacement des officiels.

Pourtant un texte parodique, écrit par mes soins, sur le contrôle et la fraude présumée des plus pauvres aura causé l’ire du Conseil Général. Une colère si grande qu’il n’y avait d’autre possibilité que de fermer complètement l’accès à ce site ! Sans que personne ne prévienne l’association au préalable !

Le pire, dans toute cette histoire, ce n’était pas le texte en lui-même qui était critiqué, mais un lien vers un autre site web lequel traitait du même sujet, un peu plus sérieusement que je ne pouvais le faire, et, dans les commentaires de ce dernier, il y en avait un très critique envers les institutions lançant explicitement une attaque envers les personnels de ces mêmes institutions. Sauf que personne de l’APCD, à ma connaissance, n’était l’auteur de ce commentaire, qui plus est publié sur un site complètement extérieur à l’APCD.

PLus prosaïquement, l'influence de l'association était vraiment minime à ce sujet ! Puisque ce n'était pas ce qu'elle produisait qui posait problème.

L’APCD est en Dordogne, l’autre association se situait à Paris si mes souvenirs sont exacts. En plus ce commentaire a été publié bien après la publication du texte parodique sur le site de l’APCD et du lien. Donc l’association n’avait aucun contrôle sur le contenu de ce site web. Autrement dit, une fois le texte parodique publié sur le site de l’APCD, je me moquais bien de ce qu’il pouvait se passer sur l’autre site web, comme tout le monde se moque à peu près de ce qui peut être publié sur un site web qu’il ou elle ne fréquente pas ou très peu. Sans parler de l’avocat consulté à l’époque qui ne voyait pas comment s’extirper d’une telle situation absurde du point de vue juridique.

Cela n’a pas empêché le Conseil Général de fermer le site web de l’association en raison d’un commentaire publié sur un autre site web et qui n’avait rien à voir avec l’APCD ! Un texte parodique, un lien vers un autre contenu, et, un site web fermé : un des sommets de l’absurde ! Cela dit, l’APCD aurait aimé que le Conseil Général de la Dordogne agisse avec la même promptitude envers google qui indexait, lui aussi, le même texte sous forme de lien et qu’il accuse google de soutenir explicitement ce genre de commentaires. Mais Google, ce n’est pas l’APCD…

Malgré toutes ces preuves, il a fallu que je discute directement avec une des personnes du Conseil Général. Discussion absurde, à partir d’un contenu absurde au sujet d’un commentaire jamais publié sur le site web de l’APCD ! Mais c’est ainsi. Une fois l’accès obtenu, à nouveau, le site web a été migré vers un autre hébergeur. Et une nouvelle page parodique avait été mise à la place. Bien entendu, je ne pouvais mettre en image d’accueil de cette page qu’une photo tirée du film dadaïste «entr'acte». À ma grande surprise, cette page parodique était encore présente il y a quelques mois sur le serveur du Conseil Général, avant que ce dernier ne ferme ce type de service tombé en désuétude.

Sous-titres = contrôle CAF !

Un autre sommet de l’absurde. Je découvre, à peu près à la même période, les documentaires d’Adam Curtis, «The century of the self» librement disponible sur le célèbre site d’archivage archive.org. Je visionne ce documentaire et le trouve très intéressant. Je propose à l’association de le visionner dans le cadre de l’université populaire de l’association. En effet, l’association estimait qu’en dehors du statut de pauvres, d’exclus, ces mêmes pauvres et exclus disposaient d’une certaine matière grise plus connue sous le nom de cerveau. De ce constat, échangeons cette matière grise dans le cadre d’un échange mutuel des connaissances (université populaire).

Je m’occupe de la création des sous-titres afin de rendre intelligible aux membres de l’association non anglophones la série de documentaires. Conscient que mon travail de «traducteur» n’était pas quelque chose de tout à fait au point, je décide de laisser ce travail en l’état sur le site archive.org sous licence libre afin que des personnes désireuses de l’améliorer puissent le faire.

Quelques années après, certaines personnes de l’APCD décident de me donner un petit dédommagement en échange de ce travail effectué. Somme symbolique qui n’avait strictement rien à voir avec une véritable rémunération pour ce travail. Je déclare la somme perçue auprès des services administratifs. Ces mêmes services trouvent cela étrange, me demandent des explications. Je leur explique l’histoire des sous-titres en rapport avec cette somme. Cela ne leur convient pas. Je m’aperçois, une fois de plus, du caractère absurde de la situation. Je me défends… Et j’ai droit à un contrôle de la part de la CAF où je dois me mettre à nu sur une période de deux ans. Bien entendu, ce contrôle ne servit à rien et la CAF n’a rien trouvé !

Voila comment écrire des sous-titres peut amener à un contrôle CAF !

Le placard

Toutes ces polémiques ont fini par déteindre sur les personnes de l’association, et, une sorte de guerre interne sur le statut du site web de l’association avait éclos. Certes, j’avais mis beaucoup de mes lubies étant donné que j’étais la seule personne à travailler dessus. Je comprends que pour un mouvement collectif, cela faisait un peu tache qu’une seule personne s’en occupât, pourtant ce n’était pas faute d’avoir proposé de l’aide à de multiples occasions comme le mentionne le texte ci-dessous publié en 2009, plein d’amertume en le relisant aujourd’hui.

Les couleurs textuelles

Toutefois, je souhaite mentionner quelque chose de tout à fait singulier. Il y a une chose qui n’a jamais intrigué qui que ce soit lorsque je m’occupais de ce site web alors que, pour moi, c’était une des choses «merveilleuses» que la publication de textes sous format électronique allouait. Pour chaque texte, chaque section du site, j’attribuais une couleur spécifique, un fond spécifique, parce que je percevais les textes comme des formes abstraites colorées. Peu m’importait l’aspect esthétique ou artistique, les textes, les phrases avaient des tonalités, des couleurs spécifiques, et, j’aimais illustrer ces textes avec cet amas de couleurs, de formes qui se superposaient les unes aux autres où le texte se retrouvait partie existante de ce jeu de couleurs. Un peu à la manière des textes «fatrasie» qui est une tentative littéraire de transposer cette idée.

Avec le temps, j’ai appris à restreindre cette idée parce qu’il fallait qu’un texte soit juste un texte, quelque chose proche de la feuille de papier. Ce type de mise en page comparée à toutes ces polémiques n’a jamais été clairement perçue, malgré l’évidence proposée. Il faut croire qu’une chose simple et évidente ne peut jamais être vue ni perçue réellement.

Voici quelques images qui avaient servi de fonds complémentaires aux textes. La plupart du temps, j’apportais trois couches spécifiques, le fond de page, le support semi-transparent, et, le texte.

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L’amertume des polémiques (2009)

Certains, certaines auront pu trouver le changement effectué un peu brutal. Mais suite à de nombreuses discussions, pas toujours très agréables à entendre, il m’a paru nécessaire de faire ce changement afin d’éviter toute confusion entre les propos d’une association de chômeurs et les propos de la personne qui maintient le site.  Ce site web a été essentiellement mon projet pour l’association. Et je ne m’étais jamais posé la question de savoir qui était qui dans cette histoire.

Il semblerait que ce travail a causé une gêne dans l’esprit de quelques personnes parce que ce travail est assuré à 100% par moi-même depuis 2002, la toute première version du site. Depuis son ouverture, les personnes proches de l’association connaissaient l’existence de ce site et j’attends toujours une proposition de texte… (m’occupant des points techniques éventuels, ce n’est pas faute d’avoir usé ma salive en proposant cette ouverture sur Internet aux personnes proches de l’association).

Ce qui a eu pour conséquence que je me suis occupé seul de ce site selon mes propres idées. Les seuls textes collectifs qui existent sont des textes antérieurs à 2002 et deux textes de 2009  (sur la précarité des femmes et le contrôle social) ainsi que quelques affiches. Entre ces deux périodes, c’est le vide stellaire. Cela fait peut-être mal à lire ou à entendre, mais c’est aussi la réalité. Je ne fais pas de cette réalité une vérité. Que chacun, chacune en tire les conséquences utiles et nécessaires puisqu’il doit en être ainsi.

En attendant, puisque j’ai été mis symboliquement dans un placard, retrouvez mes textes en direct du placard qui est dans le coin de la pièce juste à côté.