être inutile, cela sert à quoi ?
Que faire quand on est inutile ? Que faire quand les autres Vous expliquent Que vous ne servez à rien ? Que votre valeur est quasi nulle, et, en conséquence, que vous êtes méprisable ? Que faire... Que faire quand tout le monde, N'importe où (ici les cv envoyés) Vous affirme Que vous ne servez à rien, Que vous ne leur êtes pas utile ? Que faire quand tout le monde, N'importe où (ici les forums, les mailing lists) Vous affirme Que vous ne servez à rien, Que vous ne leur êtes pas utile ? Que faire quand tout le monde, N'importe où et partout Vous affirme Que vous n'avez pas assez de connaissances Pour être utile à quelque chose ? Parfaitement inutile, Il n'y a pas tellement de solutions... Ah ! J'oubliais ! Si ! Il y a : Le chômage, Le RMI, La consommation, Le discours hégémonique et idéologique de ceux et celles qui servent à quelque chose dans ce monde afin de se moquer publiquement de ceux, celles qui ne servent à rien. La maladie. Après tout, nourrir le monde médical quand on ne sert à rien est plutôt une bonne chose pour la société. Voilà ! Quand on ne sert à rien, La société, les autres trouveront Forcément une utilité, Parce que il doit y en avoir une ! La société m'a placé dans une asso De chômeurs, dans un local de 3x5m, noyé dans une institution sociale. Cachés aux yeux du monde, Nous espérons, Nous les petits esprits Du chômage, Du RMI Et de la maladie, Trouver un nouveau monde Nous accueillant Mais nous ne trouvons que : Vous servez à quoi ? Et si vous n'avez assez de connaissances Pour servir à ce que vous aimeriez être utile Alors on vous laisse au chômage, au RMI, à la maladie. Jusqu'à ce que vous le compreniez : La société n'a pas besoin de vous. Ni de vos pseudos connaissances mal apprises, mal comprises, mal assimilées, mal formulées, mal exprimées. Ce n'est pas bien de vouloir prétendre être Ce que l'on est pas capable d'assumer. Et si cette dernière a besoin de vous, C'est Soit pour être de la chair à canon, Soit pour être de la chair à manifestations. IL ne faut pas en demander plus. Nous servons à cela. Nous sommes, nous serons le nombre, le numéro d'une institution. Il nous est interdit d'être autre chose. Quand on a ni le talent, ni les connaissances, ni les compétences suffisantes alors nous n'avons pas le droit d'être notre droit est uniquement le nombre, le diffus, l'ignoré, le disparu, le jugé, le taux de variation, le pourcentage, la justification idéologique des autres, la justification psychologique des autres, la justification fantasmagorique des autres, la justification hallucinée des autres, etc. Quand on ne sert à rien, Nous n'avons pas d'identité propre. Nous n'existons que dans le discours des autres non pas comme être ayant sa propre existence, sa propre valeur, sa propre pensée. Rien de tout cela n'est autorisé par les autres. Nous ne sommes que la projection du discours des autres, le miroir éternel, le reflet égoïste, d'un autre, d'une autre, des autres lesquels ne voient dans notre transparence que l'occasion d'assouvir leurs propres fantasmes jamais avoués comme si nous étions des jouets, des objets, des choses, manipulables à souhait. Seulement, malgré tout cela, Parfois, On se rend compte que cet inutile n'est pas aussi con qu'on le croyait. Autrement dit, lorsque le transparent, l'inexistant, révèle l'opacité du miroir comme un rayon du soleil la lumière des délires fantasmés des autres est retournée de pleine face dans les yeux de l'autre. L'autre se révèle à ses propres fantasmes. Tout ce que je pensais sur toi n'était que projection de moi. Et là lorsque cela arrive, les délires s'arrêtent, le bouche et la pensée, se ferment. Et les inutiles peuvent continuer leur chemin en quête d'un savoir, d'une connaissance, d'une compétence, d'un faire, poue enfin êtres utiles... mais ils ne sont que miroirs ! Je bois à la source le nectar, Et te dis : «Tchin Tchin».
2007